L’apparence et la forme

Depuis que j’ai commencé à « prendre de l’âge », je suis devenue plus sensible aux communications/conseils/publicités qui abordent ce qui tourne autour de l’apparence, comment faire plus jeune, plus mince, plus en forme, plus élégante, plus sexy, rester dynamique, manger équilibré, garder une vie sexuelle, continuer un sport adapté, etc, etc, etc…

Je ne sais pas combien de lignes s’écrivent et se lisent sur ces sujets, mais ça doit représenter le volume de plusieurs encyclopédies universelles ! L’injonction est claire : rester présentable, c’est à dire assez « jeune ».

Loin de moi la tentation de défendre « le grand laisser aller », là n’est pas la question, prendre soin de soi, de son enveloppe donc, me semble une fort bonne chose tant pour son estime personnelle que pour le plaisir .

Ensuite il y a aussi tous les plus ou moins bons conseils pour notre santé : les articulations qui commencent à coincer, les kilos qui s’installent, les artères qui durcissent, les veines qui au contraire se dilatent et laissent la jambe lourde, le cholestérol qui grimpe et le souffle qui s’essouffle, là aussi il s’en écrit des kilomètres…. S’ajoute encore une liste sans fin de produits « miracle » grâce auxquels tout ira pour le mieux, avec cet arsenal: vous vieillirez jeunes et en forme. OUF ! Sinon, assurément, vous y mettez de la mauvaise volonté.

Sur le bien être, il s’en écrit des tomes aussi :lâcher prise, méditation, pensée positive, beaucoup a déjà été dit et redit, tout n’est d’ailleurs pas intéressant. Certes, ce marché là ne cible pas que les seniors, c’est « tout terrain », mais nous n’y échappons pas non plus.

Ne soyons pas naïfs, de plus en plus nombreux à vieillir longtemps, nous constituons un marché extrêmement juteux.

Le dinosaure

Il y a quelques années, mon petit fils, alors âgé de 5 ans m’a demandé si, lorsque j’étais petite, les dinosaures existaient encore. Immergé dans sa phase « grands sauriens » qui le fascinaient , il avait bien compris qu’ils peuplaient la terre il y a très,  très longtemps, mais quoi de plus ancien qu’une grand mère quand on a 5 ans ? Pas grand chose à son échelle, juste la vie devant soi ! Sa question m’a fait rire, évidemment, d’autant plus que ni mon âge, ni mon apparence n’étaient le sujet de son questionnement, mais bien au fond, le temps, la durée, l’avant et l’après, le hier et le demain… Vastes chapitres.

Être et avoir été

Hier, quand j’avais 20 ans, j’étais très belle mais je ne le savais pas. J’étais pleine de doute et de révolte, prête à me battre pour pouvoir conduire ma vie de femme comme je le désirais. J’étais pressée et impatiente, rigoureuse jusqu’à la rigidité, convaincue que je n’aurais jamais le temps de faire tour ce que je voulais. Et aussi que les autres ne seraient pas forcément des alliés, j’étais sociable, mais méfiante. J’avais peur. Surtout de me tromper. De faire les mauvais choix, de me faire avoir, de ne pas y arriver… les années ont passé, vite, tellement vite, de plus en plus vite d’ailleurs…. Ne trouvez-vous pas ?

Alors, aujourd’hui, cette étape de notre vie ne constituerait-elle pas une période bien plus heureuse que nous ne le pensons généralement ? Nous ne sommes plus jeunes, mais pas encore dans le grand âge, nous sommes « d’un certain âge » comme il est coutume de le dire.

Notre vie, bien entamée, nous a apporté joies et chagrins, succès et échecs, naissances et deuils, rencontres et séparations. Assurément, peu,très peu de personnes peuvent se vanter de n’avoir connu qu’un long fleuve tranquille. Nos expériences, nos apprentissages, nos essais, nos découvertes nous enrichissent aussi longtemps que nous ne nous plongeons pas dans l’amertume et le regret. Bien sûr, les coups durs n’ont pas manqué, très durs même parfois , et pour certains, trop durs. On ne peut pas toujours se remettre de tout ou trop souvent. Mais ce que nous avons surmonté nous a rendu plus forts et parfois meilleurs.

Alors vieillir, cela me semble permettre le temps de la bienveillance. Envers les autres, certes et aussi envers nous mêmes. Surtout envers nous-mêmes ! Nous ralentissons le rythme, plus ou moins par choix, et cela amène quelques avantages.: du temps pour lâcher les vieilles (ou nouvelles) rancunes, pour apprécier tout ce qu’on a réalisé, pour se délester des ressentiments et surtout des remords.  Se donner aussi le temps de penser, de réfléchir et de transmettre. De savourer l’instant présent et nos jolis souvenirs, d’apprendre encore et de témoigner, de se réconcilier avec ce que nous n’avons pas aimé de nos vies et  offrir un peu de tendresse autour de nous.

Car finalement, l’âge est une continuité des infinies possibilités de nos vies, vies qui elles sont limitées.

Il n’y a pas de recette toute prête. Chacune et chacun va puiser en soi et autour de soi ce qu’il lui faudra pour BIEN VEILLER et vieillir en douceur.

Et pour vraiment profiter de la douceur, je vais prendre des vacances et vous retrouverai dans quelques semaines. Ce billet avait été écrit, il y a quelques temps déjà,  pour le blog d’une amie , Corinne, http://le blog d’une provinciale, dont je vous recommande vivement la lecture en cette période estivale. Bel été !