En parcourant la presse en ligne, j’ai eu la surprise de lire qu’une assurance maladie (je précise que le système suisse est fort différent du système de la sécu en France, par exemple) proposait une prestation d’un type nouveau, et bien sûr payante : « pour un enfant plus tard »….
Il s’agit d’un complément qui pourrait, sous certaines conditions, rembourser à la bénéficiaire trois inséminations artificielles jusqu’à l’âge de 44 ans, en cas de recours à la PMA ! Pour le moment, en Suisse, ces traitements sont à la charge des patientes et peuvent être très onéreux.
Ce genre de proposition me laisse perplexe. Quelques paramètres contextuels :
Un marché juteux
Les compagnies d’assurances ne sont pas, loin s’en faut, des œuvres de bienfaisance. Il semble évident que ces offres correspondent à un marché en voie d’extension. Vous payez des primes supplémentaires pour un risque éventuel, ou probable vu le recul de l’âge de la première maternité en Europe. Combien de femmes devront-elles y recourir ? Là encore les calculs semblent être bien faits, vu des estimations de réussite de cette méthode de procréation… limiter les prestations « payées » par l’assurance à trois tentatives, c’est assez mince. Il y a donc des bénéfices substantiels escomptés.
Un message trompeur
Les taux de réussite de la PMA sont formulés en nombre de grossesses, pas en nombre de naissances ! Parvenir à devenir enceinte ne signifie pas forcément pouvoir mener cette grosse à terme. Depuis l’âge de 30 ans, la courbe de fertilité, qui est à son point culminant vers 25 ans, baisse rapidement. Par contre le taux de fausses couches , lui, augmente (10% autour de 20 ans et jusqu’à 80% autour de 40ans). Un traitement PMA n’est pas une garantie de parentalité et proposer d’assurer ces traitements joue sur les peurs d’infertilité, qui touche, hélas, de plus en plus de personnes.
Un problème de société
De nos jours, tout prend plus de temps : les études, les stages, pouvoir décrocher un premier emploi ou un appartement. Les amours sont parfois éphémères et rencontrer « la bonne personne » pour éventuellement désirer fonder une famille ne se produit pas forcément très tôt dans la jeunesse.
Ensuite, s’installer, faire sa place professionnellement, réunir les conditions favorables pour accueillir un enfant, ou plusieurs…. voilà encore quelques années de passées.
La courbe de fertilité des femmes est restée stable depuis deux siècles, elle est désormais en décalage avec leurs aspirations de réalisation personnelle. Par ailleurs et pour diverses raisons, la qualité du sperme de ces messieurs n’est pas non plus au mieux côté fertilité : moins de spermatozoïdes par éjaculation, moins de mobilité pour ceux qui sont présents….Les difficultés se cumulent.
Quant à celles et ceux qui envisagent de poursuivre leurs cursus (études, formations, post grades, travail, etc) en étant parents, comme il était possible de l’envisager dans ma jeunesse… Les soutiens sont très limités et les discriminations légion.

Informer ?
Prévenir vaut mieux que guérir, mais il est difficile d’aborder ouvertement un sujet aussi intime, un choix aussi personnel et privé.
Comment le faire, qui peut le faire et finalement de quel droit ? Personne n’a envie d’entendre les oracles de mauvaise augure. Sur ce sujet aussi, relire Le droit à l’enfant ?
Je me souviens du slogan : « un enfant si je veux et quand je veux » qui me semblait tellement légitime dans nos années de lutte pour le droit à l’avortement et à la contraception. Aujourd’hui il faudrait ajouter : »si je peux »…
Alors bien sûr, il est nécessaire de continuer sans faiblir à lutter pour améliorer encore la condition des femmes : le partage des tâches domestiques, des salaires égaux, des logements et des solutions de garde abordables, lutter aussi pour modifier la perception de lourdeur et d’entraves que représente un ou plusieurs enfants, une famille et valoriser toutes les compétences qu’on acquiert en devenant parent et qui sont au bénéfice de tous dans la société civile. Tout cela sans juger les choix individuels de chacune et chacun.
La Suisse, mon pays, se prépare à abolir LA SEULE petite discrimination favorable à sa population féminine : reculer notre droit à la retraite d’un an, pour le mettre à « égalité » avec celui des hommes à 65 ans. Chez nous, toutes les tâches assumées, en plus de leurs activités professionnelles, par celles qui ont eu des enfants n’est pas reconnu. Qu’elles aient ou non travaillé en dehors de leur foyer, kif-kif, pas un centime de plus.
Alors je me dis, y a encore du chemin, ne baissons pas les bras !
Catherine,un article interessant que celui-ci . notre façon de vivre évolue mais il reste encore bien de chemin à parcourir pour les générations suivantes , et qui ne doivent pas baisser les bras . Merci pour vos billets toujours agréables à lire
Merci Martine pour votre compliment, cela me touche. Oui, je partage votre avis, il reste encore un long chemin…..
Merci Catherine pour ce billet intéressant. Très touchée dans ma famille par ce « désir d’enfant » je suis tu t’en doutes intéressée par le sujet. En France aussi l’implication des femmes dans le travail familial, l’éducation des enfants n’est pas reconnue. La retraite des femmes est inférieure de 30 % de celle d’un homme pour cause de congés maternités ! Le chemin est encore long. Quand au désir d’enfants, c’est un sujet très douloureux dans les familles et qui peut gâcher une vie. Bises
Oui c’est un sujet qui peut être très douloureux, j’en sais un bout sur la question. Cependant je voudrais que les jeunes femmes prennent conscience qu’elles se lancent parfois trop tard dans la réalisation de leur désir, pour quelques unes qui deviennent mères après 40 ans, combien ont du renoncer à la maternité ? La science a fait des progrès, mais les traitements sont longs, épuisants et très incertains.