Les réflexions au sujet de la PMA pour toutes les femmes, en France voisine comme ailleurs, divisent l’opinion. C’est un sujet passionnel qui nous invite à un questionnement éthique.

Certains s’offusquent que la parentalité ne soit pas exclusivement hétérosexuelle, j’avoue que cette opinion me surprend. En quoi nos orientations sexuelles, perversions exceptées, garantiraient-elles ou pas nos capacités parentales ? S’il suffisait d’être géniteur-trice pour être parent, cela se saurait. Et ce n’est pas le cas, même si cela peut être intimement lié.

Devenir un parent “suffisamment bon” est une aventure et un apprentissage au jour le jour, pour chacun.

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Instinct, désir, choix ?

Eros et Thanatos, l’instinct de reproduction et la peur de la mort sont les 2 pôles fondateurs de nos pulsions. De l’instinct de reproduction à notre (éventuel) désir d’enfant, le chemin passe par notre conscient pour devenir un projet choisi. Ce désir est  légitime quels que soient notre sexe, notre âge, notre situation, notre position sociale, notre race, nos convictions, nos désirs, etc, etc… Ensuite, à chacun ses “raisons” pour réaliser son désir, le différer, ou y renoncer.

Depuis que les occidentaux ont  accès à la contraception, l’enfant accidentel est devenu plus rare. Le taux de fécondité, soit le nombre moyen d’enfant par femme a régulièrement baissé ces dernières années. Pourtant, cela n’induit pas une baisse significative de la maltraitance infantile ! Et je ne parle pas ici de la fessée, elle aussi en débat et interdite dans certains pays. Ce  parallèle démontre qu’il ne suffit pas de choisir si on souhaite avoir un enfant pour devenir son parent, au sens responsable et compétent que ce terme suppose.

Après avoir longtemps travaillé dans ce domaine de la maltraitance infantile , je suis absolument convaincue que les parents homosexuels ne feront en tout cas pas pire que les autres, si je peux me risquer à ce genre de réflexion au ras des pâquerettes !

masculin féminin
masculin-féminin

Masculin-féminin

Là, c’est le nœud du sujet. Une relation sexuelle homme-homme ou femme-femme ne débouchera jamais sur une naissance. C’est comme ça. En tout cas pour le moment. Une relation mixte le peut … je dis bien peut. Mais pas toujours, pas forcément, pas à coup sûr…

Pour les fois où ça ne “fonctionne “ pas, alors que le projet d’enfant existe, ce qui, soit dit en passant est une situation aussi vieille que l’humanité elle-même, la science a fait de nos jours assez de  “progrès” pour, éventuellement, proposer des “coups de pouce”. 

Actuellement, il est question de changer les conditions ou l’accessibilité au “coup de pouce”, la légitimité ou la pertinence du coup de pouce en soi ne semble plus interpeller grand monde…. Et pourtant, cela pose aussi énormément de questions éthiques et sociales.

Jusqu’où peut on aller ? Quels coûts ? pour la société ? Pour les personnes ? Quelles conséquences pour les générations futures? Bébé médicament ? Clonage ? Maternité post ménopause ? Choix du sexe ? …. La liste est longue et, hélas, les apprentis sorciers ne manquent pas.

Pour celles et ceux qui le traversent, La PMA est un parcours difficile, éprouvant,  parfois long, décevant, douloureux et pour certains, avec, finalement, l’aboutissement du projet d’enfant. Cette démarche n’est jamais anodine et ne laisse pas ceux qui décident d’ y recourir indemnes. Même lorsque le succès d’une grossesse survient.

Le principe “hétéro” constitue donc le potentiel de notre reproduction, pas sa garantie.

La PMA est une alternative médicale à un potentiel défaillant. Doit-elle évoluer et devenir un nouveau mode de procréation ? C’est une des questions.

Un choix ou un droit ?

Faut-il faire d’un potentiel une revendication sociale ? En d’autres termes, j’en reviens au titre de mon propos, avoir un enfant, est-ce un droit ?

Si de tout temps, certains couples hétérosexuels ont vu cet espoir de devenir parents leur être refusé, de tout éternité également, certaines personnes, d’orientation homosexuelle ont eu des enfants. Rien  là de bien nouveau sous le soleil ! Aucune des deux situations n’ est facile à vivre et chacun, dans sa réalité, doit affronter des jugements et des remarques souvent désagréables et blessantes.

famille
une famille

La notion de famille

A mon sens, c’est un des paramètres qui pose le plus problème : l’absence de statut légal pour le parent “non procréateur”. Pas uniquement dans les familles homoparentales d’ailleurs, c’est également le cas pour beaucoup de « beaux-parents » qui n’ont aucun statut légal auprès des enfants de leurs conjoints ou partenaires. Cette situation est discriminatoire autant pour le couple que pour l’enfant ou les enfants concernés. Cela devrait être corrigé, au plus vite.

Comment le faire ?

A mon sens, cela ne devrait pas passer par un statut potentiellement mensonger qui transmettrait l’idée d’une double maternité ou paternité. Pour les « beaux-parents, leur reconnaître une place ne signifie évidemment pas que cela soit au détriment de l’autre parent de l’enfant.

En cas de PMA pour un couple de femmes, il y a la mère, le donneur et la co-parente. Celle-ci  devrait disposer des mêmes droits et devoirs que la mère.  Peu importe le nom que son enfant lui donnera, le statut de co-parentalité légale doit refléter cette réalité. 

L’enfant, quelle que soit la manière dont il arrive dans sa famille, doit recevoir des explications claires, adaptées à son âge. Divorce, adoption, don de sperme ou d’ovocytes, fécondation in vitro, la racine de son histoire de vie est importante, apprendre à la connaître lui permettra de se construire de manière équilibrée dans la famille que la vie lui a donnée.

Et la GPA ?

Impossible de clore ce billet sans l’aborder. Pour les couples homosexuels masculins, l’ouverture de la PMA ne change rien pour accéder à la parentalité. Et oui, c’est injuste mais les hommes ne portent pas les enfants en eux.

La GPA pose d’autres problèmes éthiques et humains qui me semblent inacceptables et insolubles. En effet, la GPA traduit dans les faits une forme d’exploitation, de marchandisation du corps de la femme.

Les femmes aisées, instruites et indépendantes ne se sentent nullement appelées à porter un enfant pour des tiers. Éventuellement et anecdotiquement une fois ou l’autre une mère pour sa fille ou une sœur pour une sœur. C’est extrêmement rare.

Celles qui acceptent, quand elles n’y sont pas purement et simplement contraintes par la misère ou la force, le font pour améliorer leur situation matérielle, offrir des études à d’autres de leurs enfants ou payer des traitements médicaux à leurs proches. Le risque d’abus contre ces « porteuses » n’est de loin pas négligeable.

Je ne pense pas que légiférer sur la GPA puisse être protecteur pour les plus vulnérables, ni éviter cette sordide “marchandisation”,  ni rétablir une reconnaissance du statut réel de chacune et chacun. 

Et vous, quels sont vos réflexions à ce sujet ?