Comme le cordonnier mal chaussé du proverbe, je n’ai rien vu venir ! Pas plus occupée que d’habitude, pas de souci majeur ou nouveau, pas de deuil ou de stress brusque … Et pourtant, d’un coup c’était là, et hélas, inesquivable.

J’ai accompagné des personnes ayant affronté ce fameux « burn out » et j’aurais du voir le truc se profiler, mais c’est une chose de le constater, le diagnostiquer sur d’autres et une autre de le vivre soi-même. Surtout après traversé ma carrière professionnelle « très chargée » sans souci de cet ordre. Et bien, voilà, malgré la « retraite » et sans élément déclencheur, ça m’est arrivé !

les chemins creux

Accumulation

Ce n’est pas au premier choc que le vase se brise…. C’est le cumul, tout ce qu’on entasse, qu’on absorbe sans même s’en rendre compte. Le petit truc qu’on ajoute ou qu’on accepte en plus, le petit caillou qu’on n’enlève pas tout de suite dans sa chaussure, la contrariété supplémentaire, pas grave mais « en plus ». La défaillance physique, le petit bobo qu’on ignore trop longtemps. Et on se rend compte brusquement que ce conseil maintes fois transmis, on ne se l’applique pas vraiment « Prends soin de toi » !

Je me suis un peu perdu de vue, j’ai fais ce que je devais, au delà de mes limites, pensé à mes proches, partagé tant de soucis et de préoccupations, affronté les miens propres… et je me suis effondrée. D’abord sans comprendre… allez quelques vitamines et zou, et puis j’ai admis.

naviguer à vue

Le tunnel

J’ai senti que je n’avais plus d’envies, que je ne gérais plus la douleur, que les plus beaux projets m’indifféraient. Mon impuissance me semblait totale, d’abord comme une forme d’indifférence et ensuite avec le sentiment que tout est trop compliqué, trop lourd, trop dur et.. vain. Étrange sensation…

Alors je suis partie loin, sans en avoir envie, et malgré des avis assez divergents de mon entourage, je n’ai pas annulé mon voyage… Les premiers jours, je n’ai profité de rien. J’ai dormi et beaucoup pleuré…. et…

La tendresse de mon compagnon et le soleil des tropiques m’ont aidé à sortir de ce mauvais pas.

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Les relevailles

Autrefois c’est ainsi qu’on appelait la période qui suivait un accouchement. Un temps déterminé et ritualisé. L’accouchée ne faisait rien sinon nourrir son enfant. D’autres prenaient soin d’elle, des siens et de sa maison.

Alors après un « craquage », la durée de guérison n’est pas précise… Accoucher n’est pas une maladie, un burn-out, même léger, oui, mais je me sens dans ce temps « hors du temps ».

Cet épisode douloureux m’a permis de mieux me comprendre et sonne comme un avertissement, oui… le temps passe et je ne peux pas faire tout « comme avant ». Comme quand j’étais plus jeune !

L’accepter est un chemin, car si je ne suis pas attentive, je vais revenir à mes habitudes et je ne veux pas revivre cette expérience pénible. Je ne vais pas non plus me lancer dans une liste de résolutions, même si c’est la période dédiée.

Non, « juste » être bienveillante envers moi-même, même si ça fait un peu précieux ! Et surtout accepter mes fragilités… tout un programme et un joli défi pour l’année qui vient, à mon âge il est temps, non ?