Il n’y a pas de courage sans peur, ma grand-mère me répétait souvent cette petite phrase lorsque je rechignais par appréhension. Petite, et comme beaucoup d’enfants, j’avais peur du noir, du sombre. Or, parmi certaines tâches que je devais effectuer, il en était une que je redoutais énormément : aller chercher une chose ou une autre à la cave ! La négociation n’étant pas à la mode dans le système d’éducation en ce temps là, il fallait bien que je m’exécute. Et il m’en coutait ! J’aurais volontiers essuyé la vaisselle pendant une semaine entière plutôt que de descendre dans cet antre, après avoir descendu de grands escaliers (j’étais petite) et traversé une sorte de cour intérieure très mal éclairée et bruissante de bruits bizarres, fruits de mon imaginaire effrayé.
Comme je n’avais pas le choix, je me suis inventée des stratégies : si je sautais une marche sur deux, tout irait bien, ou alors chanter à tue tête pour me donner courage et surtout faire encore plus de bruit que ceux qui me faisaient peur ou encore allumer toutes les lumières sur mon chemin, comme pour une fête carillonnée…. Et parfois, plusieurs en même temps !
J’ai toujours eu peur d’aller dans cette cave, à chaque fois et même en grandissant, MAIS j’ai toujours su inventer des stratégies pour y aller quand même et surtout en revenir, ce qui me paraissait alors incertain !
A quoi sert la peur ?
Cette émotion de base est une sorte d’alerte déclenchée par notre cerveau reptilien et qui produit dans notre organisme des réactions hormonales (principalement l’adrénaline) qui nous préparent à la fuite ou à l’affrontement. Ce mécanisme nous met également dans un état de vigilance accru, notre cœur bat plus vite et notre respiration s’accélère, nous sommes paré à faire face pour courir ou pour nous battre et surtout pour choisir très vite quelle option.
Bien sûr, dans la cave de notre maison, il n’y avait pas de réels dangers, mais notre cerveau ne fait pas la différence entre le réel, le virtuel, ou l’imaginaire, seule la raison, le rationnel qui se loge dans le néo cortex , mature vers 25 ans seulement, nous permet ces distinctions. Par exemple en regardant un film à suspense, vous aurez des réactions biologiques similaires à celles que vous auriez en assistant à une scène réelle.
Que dire alors des images violentes et/ ou effrayantes auxquelles peuvent être exposés les enfants ? Eux n’ont pas encore le développement nécessaire pour analyser par la raison, aussi vaut-il mieux les éviter pour favoriser des situations qu’ils peuvent appréhender et comprendre en créant leurs propres représentations, en sollicitant leur imaginaire. Les livres, encore une fois.
A tout âge, impossible d’éviter cette émotion qui, comme les autres, nous protège tout au long de notre vie et nous permet aussi d’apprendre à nous dépasser.
Essayer de la reconnaître et la décoder nous permet de la surmonter et contribue à l’estime de soi-même. Oser rend fier et avoir traversé une peur soulage. En plus, on peut aussi garder longtemps ses petites stratégies personnelles, c’est mon cas. Elles ont un peu changé avec le temps, mais j’en ai toujours …. et il m’arrive même de les transmettre !
Il existe aussi des frayeurs qui nous figent, nous paralysent et nous laissent muets, le choc émotionnel est si important que notre cerveau « disjoncte » pour nous protéger d’une souffrance trop forte. On parle alors de sidération ou d’état traumatique ou post traumatique. Dans ces moments de chocs intenses, la personne est dissociée, sans connaître les suites qui seront nécessaires ou envisageables, un simple contact physique, une main sur l’épaule, lui prendre le bras, poser une main sur son front, vont lui permettre de se reconnecter à elle-même. Comme les phobies, peurs paralysantes et souvent invalidantes, ces situations plus rares et complexes nécessitent le plus souvent des prises en charge psychologiques spécialisées. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, au contraire, plus rapidement la personne peut être soutenue, mieux et plus vite elle se remettra.
Et vous, comment gérez vous votre peur ?
La peur a toujours été présente comme une émotion nécessaire car elle nous protège du danger réel. En revanche elle paralyse souvent lorsque notre égo nous propose des scénarios imaginaires comme la peur de l’abandon ou de la trahison. Aujourd’hui je suis capable de parler à mon enfant intérieur pour le rassurer. C’est un sujet très intéressant merci pour ton éclairage.
je suis bien persuadée que des séances avec toi peuvent aussi débloquer des angoisses et des blocages liés à d’anciennes représentations ou scénarios ancrés dans notre mémoire, une de mes filles vit actuellement une expérience de traitement sous hypnose, elle est ravie des résultats
Bonjour Catherine j’ai encore des peurs innexplicables si je suis seule chez moi le soir je laisse le couloir allumé comme une protection et je vérifie 10 fois que les portes sont fermées ! Pour ce qui concerne les enfants je suis partisane du zéro écran pendant la petite enfance. Je pense que l’imaginaire se développe mieux en lisant des livres ou en racontant des histoires. Tous les enfants ont des peurs et cela participe à l’apprentissage de la vie. Ensuite il faut les canaliser et souvent cela peut passer par une thérapie. Très bon article comme toujours
Merci Corinne pour tes messages toujours encourageants. Comme toi, je vis de plain pied et les appréhensions liées à de mauvaises visites, je connais !
Même si mes chiennes sont plus impressionnantes que Cookie, Chacun remarque très vite à quel point elles sont accueillantes, alors pour mes trouilles j’ai du trouver autre chose !
Ce texte me renvoie à la fois à mon enfance et aussi à un évènement plus récent. Dans mon enfance je vivais dans un endroit isolé et j’avais parfois des peurs parfois injustifiées. Devenu adulte mes peurs ont pris de formes différentes, peur de l’échec, peur de la maladie voire de la mort. Effectivement une aide adaptée est essentielle, pour ma part elle a été très efficace. Sujet passionnant, merci Catherine.
Merci pour ta visite Maurice. La peur de la mort concerne l’humain par définition et c’est important de savoir demander de l’aide lorsqu’on se sent envahi, je sais que tu as su faire le nécessaire pour toi et que c’est bénéfique.