Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants……
Ce n’est plus si vrai de nos jours, selon les statistiques européennes : entre 1,3 et 2,5 enfants par femme en moyenne…. le taux le plus bas en Italie et le plus élevé en France. La grande majorité des ménages s’organise autour de 2 enfants. Sans chercher à expliquer ici les raisons de cet état de faits, je vais me borner à évoquer les chamboulements qu’entraîne l’arrivée d’un nouvel enfant dans la vie de son (ses) aînéS. Je vais utiliser le masculin dans ce texte, mais évidemment on peut le lire aussi au féminin car aucune étude ne démontre que le genre influence de manière significative les réactions des enfants lors de la naissance d’un cadet.
La petite fille qui se réjouit forcément et surtout naturellement de pouponner son petit frère fait partie de l’imaginaire populaire. NA !
Jalousie ?
Tout d’abord, même s’il a gentiment répondu oui lorsqu’on lui a demandé si il aurait envie d’avoir un petit frère ou une petite sœur, il est évident que cette arrivée n’est pas son choix, mais celui de ses parents… Lui n’y est pour rien. Si certains aînés acceptent facilement le nouveau venu, ce n’est pas le cas pour tous. En fait, cela va dépendre un peu de son âge et de ce qu’il peut comprendre des explications qui entourent l’évènement. De l’attention qu’on lui accordait jusqu’alors et de celle qu’il aura après la naissance de son cadet. Et évidemment de son caractère …..
Si vous le sentez nerveux et/ ou capricieux, dites lui que vous comprenez que c’est difficile pour lui de partager l’affection de ses parents et que vous vous occupiez tout autant de lui lorsqu’il était bébé, que vous l’aimez autant qu’avant cette naissance. Offrez lui des moments seuls à seuls avec chacun de ses parents et gratifiez le avec des activités de « grand » que son cadet ne peut pas encore faire.
Il est possible aussi, que votre aîné « régresse » et adopte des attitudes qu’il avait perdues (sucer son pouce, redemander un biberon ou des couches, voire faire pipi au lit) ces manifestations surprenantes ou même désagréables ne vont pas durer et une attitude tolérante de votre part va aider votre enfant, mettez des mots sur ce qu’il vit, l’envie d’être à nouveau un tout petit pour capter le maximum d’attention et surtout soyez attentifs à bien l’entourer aussi quand il adopte une attitude de son âge.
S’il se montre très agressif vis à vis du nouveau venu, ce qui peut aussi se produire, restez vigilants et calmez le. Sa colère et sa frustration sont compréhensibles et ne vous fâchent pas, mais il est interdit de faire mal au bébé. S’il veut taper ou mordre, donnez lui un objet de substitution sur lequel il peut se défouler (coussin, peluche, etc.) quand c’est trop difficile pour lui. A ce moment là, il est très important de l’aider à distinguer (et de vous même faire une claire différence) entre son comportement ou sa pulsion ET sa personne.
S’il se montre curieux et protecteur, laissez le vous « aider » sans trop lui en demander, faites lui une place de « responsable » à sa mesure et dites lui comme vous appréciez son soutien. Ne craignez pas ses maladresses, et n’oubliez pas de le câliner lui aussi.
Laissez le temps à l’aîné de s’habituer, le bouleversement est aussi important pour lui que pour vous, sans doute même plus car il ne dispose pas encore, généralement, de suffisamment de maturité psychique pour RELATIVISER.
Complicité et rivalité
Aussi « normales » et « naturelles » l’une que l’autre, ces deux postures rythment la vie des fratries. Et forcément celle de toute la famille. Tout le monde apprécie la complicité qui peut exister entre deux frères, deux sœurs, un frère et une sœur….mais la rivalité et les disputes agacent et dérangent, pourtant elles sont nécessaires pour grandir, apprendre à s’affirmer, à écouter et aussi partager. S’il est préférable de les laisser « s’arranger » entre eux, il ne faut pas hésiter à intervenir si cela vous semble aller trop loin : forces disproportionnées, langage inadapté, mépris ou disqualification, quand ça dérape, l’adulte est garant de la sécurité et de la justice. C’est le référent indispensable dans les moments de crise.
Parvenir à le faire calmement sera plus efficace, mais évidemment les querelles incessantes portent sur les nerfs et il n’est si simple de rester zen dans ces moments là. Parfois une séparation temporaire, chacun envoyé « réfléchir » dans son coin, vous permettra de retrouver un peu de paix avant d’en reparler tous ensemble….
Grandir ensemble
A chaque âge ses découvertes, plaisirs et difficultés. Grandir dans une fratrie, c’est aussi une expérience du collectif, une possibilité de se comparer et de se distinguer. L’affection peut être très variable selon les moments et les circonstances, une chose est certaine, des loyautés existent, moins fortes que les loyautés dites « verticales » (parents-enfants) mais bien réelles. Il suffit souvent, pour les remarquer, qu’une « menace » vienne de l’extérieur de la fratrie pour mesurer à quel point les liens vont se resserrer pour faire face ensemble …. Quand je parle de menace, cela peut être une simple critique ou une allusion.
Ce rapprochement entre eux se fera aussi, parfois, contre l’autorité parentale… .L’union fait la force et ils l’apprendront très vite ! Ou alors pour faire des bêtises, on a parfois à deux ou plusieurs, des idées qu’on n’aurait pas tout seul, on a plus d’audace aussi, sans compter le fameux : « t’es pas cap » ! Véritable aiguillon de prouesses dont vous auriez bien aimé qu’ils s’abstiennent.
L’idéal
Comme toujours, il n’existe pas : il n’y a pas de différence d’âge idéale, pas de nombre d’enfantS idéal, pas d’éducation idéale ni de parents idéaux ! Avoir un enfant unique n’est pas un tort, en avoir plus de deux, non plus. Avoir des filles ou des garçons ne se répartit pas toujours équitablement et entre ce qu’on prévoit et ce que la vie amène l’adaptation est la seule alternative possible.
Bonjour Catherine, j’ai toujours souffert d’être fille unique et je rêverai de pouvoir me disputer avec mes frères et soeurs ! Encore une foi un très joli texte qui donne à réfléchir. C’est rafraichissant et tellement agréable. Ton blog est différent et intelligent ! Merci !!!
C’est souvent ainsi…. lorsqu’on n’en n’a pas eus, ils nous manquent et parfois, lorsqu’on en a, on s’éloigne avec le temps. Je reconnais que mes souvenirs d’enfance seraient tristounets sans l’image de mes soeurs.
Très beau texte qui illustre nos contradictions. J’ai deux sœurs et pour ma part j’ai une fille. Je partage ton analyse très riche. Je retiens un élément essentiel pour moi ne pas associer le comportement d’un enfant et ce qu’il est. Bon lundi Catherine
Comme toi, j’ai aussi deux soeurs et nous sommes bien éloignées maintenant…
Distinguer un comportement de la personne est une posture que nous devrions adopter dans tous les cas.
Pour ma part je n’ai qu’une soeur adorable mais avec qui hélas je ne peux échanger beaucoup par rapport à son niveau mental pathologique et légèrement limité. Je le regrette car j aurais tant aimé .
Mais j’ai 3 enfants et j’ai vécu ce dont tu parles . Aujourd’hui ils sont très complices et se soutiennent beaucoup.
J’en suis fière et ravie car pour moi c’est une belle satisfaction.
Merci Catherine pour ce bel article qui nous concerne tous !
Comme je vous comprends, c’est une belle satisfaction quand nos enfants s’entendent bien ! Sans doute une éducation « équitable » peut-elle le favoriser, mais l’alchimie de la vie s’emmêle aussi….
Merci pour cette lecture.
merci de votre visite