Évolution

Sans risque de se tromper beaucoup, on peut affirmer que les pratiques, au sujet de la punition, ont beaucoup évolué depuis 2 générations, dans nos sociétés occidentales.

Le pater familias tout puissant n’existe plus, la mère soumise et dévouée s’est émancipée (il reste du chemin, mais c’est déjà mieux) et leur progéniture, moins nombreuse, désirée, viable, est composée d’êtres considérés comme des sujets à part entière dès la naissance, voire même dès la conception pour certains.

Désormais, les individus étant sensés s’épanouir, il n’est plus guère possible ou souhaitable d’utiliser la « bonne vieille fessée » pour « redresser » un gamin récalcitrant… En effet, les châtiments corporels, autrefois fréquents et prévus dans l’arsenal des moyens dits éducatifs, ont pratiquement disparu. Tant mieux. Je ne pense pas qu’à part de la peur et de la révolte, ils n’aient jamais inspiré quelque réflexion que ce soit chez leurs victimes.

Certes, inspirer de la crainte permet d’obtenir un comportement « ad hoc » mais à quel prix ? Je me souviens des histoires de mes aïeuls : arrières grands parents, grands parents, pour ceux que j’ai connus, très différentes les unes des autres selon leur histoire personnelle, mais  tous avaient gardé beaucoup d’amertume des châtiments reçus, même ceux dont ils estimaient qu’ils les avaient mérités.

Ce qui se joue


Beaucoup d’écrits de toutes sortes sur le sujet de la punition. De quoi parlons nous ? D’un moyen fréquemment utilisé pour corriger un comportement ou une attitude inapproprié. Que cela concerne nos valeurs personnelles ou plus larges et culturelles, tout enfant peut présenter des gestes, des manières, des actes ou des paroles qui dérangent, transgressent ou bousculent nos attentes quant à son comportement. Cela peut être rare ou fréquent, mais personne ne peut grandir sans transgresser, tester et désobéir ! Cela fait partie de notre humanité.

L’enfant roi

Sans revenir à des pratiques d’un autre temps, très franchement, le laisser faire qui conduit à une forme de toute puissance de l’enfant ne profite à personne et surtout pas à lui. Un comportement désagréable entraîne du rejet et les enfants ont tous besoin d’un cadre, avec des limites claires pour grandir et se développer dans de bonnes conditions. De plus, l’humain est un animal sociable. Il vit en société et a tout intérêt à en intégrer les normes et les codes, même s’il acquiert en même temps, un sens critique et son libre arbitre. Apprendre à se contenir, à se comporter poliment, à se conduire en respectant les autres n’est pas inné, cela s’acquiert à travers l’éducation et aussi, surtout peut-être, les exemples incarnés par les adultes qui entourent l’enfant.

Punir ?

Comment alors réagir à la désobéissance, l’impolitesse, les caprices, etc, etc ?

Dans un premier temps, s’assurer d’être prévisible et cohérent. C’est à dire que l’enfant doit connaître vos attentes et comprendre vos consignes qui doivent rester les mêmes.Changer les règles en fonction de votre humeur ne sera pas compréhensible. Il vaudrait mieux aussi éviter de mélanger maladresse et désobéissance : un enfant qui renverse son verre ou son assiette ne le fait pas forcément exprès, par exemple, mieux vaut alors adapter votre réaction. Même si c’est ennuyeux, une maladresse ne mérite pas plus qu’une remarque….

Si c’est délibéré, mieux vaut que l’enfant comprenne très vite que ce n’est pas acceptable.

1) cela fait beaucoup de saleté, 2) cela gâche inutilement de la nourriture ou de la boisson, 3) cela va occasionner du travail, 4) c’est impoli envers celui ou celle qui a préparé le repas ou la boisson.

Crier ne va rien arranger, cela signe votre impuissance.Lui demander de « réparer » sa bêtise et de présenter des excuses vous place en position hiérarchique, qui correspond à votre statut d’adulte responsable de lui. Vous pouvez aussi lui demander de sortir de table, afin de finir tranquillement votre repas, il terminera le sien seul plus tard.Être ferme ne veut pas dire agressif, même si vous êtes énervé, ce qui est normal.

Les bons gestes

La table n’est qu’un exemple parmi d’autres. Ce qui compte c’est que l’enfant comprenne ce que vous attendez de lui et sache que vous ferez respecter vos attentes. Anticipez les situations qui pourraient être problématiques et parlez en avec votre enfant. Rappelez les règles souvent, demandez lui de vous les dire aussi : par exemple, dire s’il vous plaît et merci, bonjour et au revoir, céder sa place dans un transport publique bondé, demander pour quitter la table, etc, etc… C’est au calme que les « bonnes manières » se transmettent. A chaud, ce n’est plus le temps d’expliquer mais d’exiger et si la crise s’installe, isolez le un moment pour que chacun se reprenne. La gifle ou la fessée, la menace et la force peuvent survenir, en réaction, de la part d’un parent débordé et nous ne sommes pas des saints, mais ne devraient en aucun cas constituer des moyens usuels pour se faire obéir.Si cela vous arrive de perdre votre sang froid, n’hésitez pas, plus tard, à lui dire que vous le regrettez.

Je me souviens d’une grosse « bêtise » de l’un de mes fils, nous en parlons encore plus de 20 après.

Près de chez ses grands-parents, éleveurs de chevaux, des terrains marécageux étaient en voie d’être assainis. Mon beau-père avait averti les enfants et interdit qu’ils aillent dans ce secteur. Cette zone était dangereuse. Hélas, notre chienne, partie se promener dans ce coin, a du coup alarmé mon fils qui oubliant toute consigne, l’a suivie pour la récupérer. Heureusement, je l’ai vu s’éloigner et j’ai entendu son appel lorsqu’il a senti qu’il s’enfonçait dans la boue, sans pouvoir en ressortir ! La chienne, elle, était de retour les pattes sèches. Le sortir de là a été très difficile, ma belle-mère et moi nous sommes enfoncées aussi et heureusement,  une de mes nièces nous a apporté une planche salvatrice. Boueuses, épuisées et énervées, notre réaction fut proportionnelle à la peur ressentie : j’ai giflé mon fils en croix ! Cela m’a à peine soulagée et lui n’a pas trop bien compris cette réaction tout à fait inhabituelle de ma part. Certes, je pense qu’il ne recommencera jamais… sauf peut-être pour aller récupérer un de ses enfants, un jour.

Du temps, de la patience et de la persévérance. Peut-être aussi, se souvenir de l’enfant qu’on a été et des bêtises que l’on a faites. Au moins pour en sourire.