Maîtriser sa fertilité est un combat ancien, très ancien. Je crois qu’il a toujours existé. Le sujet demeure tabou, mais les éléments historiques à ce sujet ne manquent pas et témoignent au fil des millénaires de son importance, toutes époques et civilisations confondues.

Le droit à l’avortement et la contraception est très récent, en occident, mais les pratiques, elles, remontent à la nuit des temps. La révocation de ce droit par la cour suprême des États-Unis déclenche une sorte d’électrochoc. On ne peut que craindre les conséquences néfastes de cette décision, pour une partie des femmes américaines évidemment, mais aussi pour toutes les femmes par risque d’extension de ces mesures rétrogrades.

Jamais l’interdiction d’avorter n’a empêché les femmes de recourir à cette solution. L’interdiction pénalise, complique l’accès à cette mesure, peut la rendre dangereuse, voire mortelle ou invalidante, onéreuse, clandestine, douloureuse, culpabilisante et la criminalise.

se libérer
un long combat

Quelle morale ?

Comment est-il possible qu’au 21e siècle ce droit puisse à nouveau être remis en cause au prétexte de la protection de la vie ? Au motif qu’on ne pourrait attenter à « la vie » d’un embryon, non viable sans celle de la personne en qui il se développe ? Comment peut on privilégier ce potentiel au détriment et contre la volonté de celle qui le porte ?

Ces questions sont importantes, mais hors sujet.

Personne n’est contre la vie ou pour l’avortement, seules les circonstances, le contexte, les conditions personnelles conduisent à la décision que doivent prendre certaines d’interrompre une grossesse. Et aucune ne le fait sans états d’âme ni réflexion, sans envisager des alternatives, quand elles existent. Parfois c’est une évidence, parfois un déchirement mais jamais une frivolité.

Ce qui est en question avec ce droit, si durement acquis là où il l’est, c’est la sécurité et la salubrité des gestes. En un mot la santé de celles qui doivent y recourir, leur protection et celle de ceux qui pratiquent ces interventions.

la liberté en deuil

Solidaires et responsables

Lorsque j’étais jeune, dans une grande partie de l’Europe, ce droit n’existait pas. J’ai connu des jeunes femmes qui ont gardé des séquelles suite à des avortements clandestins.

Il a fallu beaucoup de courage, de luttes, de persévérance pour sortir des conditions précaires des « faiseurs d’anges ». Il a fallu que des femmes publiques portent ce combat, que les femmes de la rue s’unissent et s’affirment.

Je n’accepte pas qu’on remette en question cette possibilité sécurisée et légale, qui respecte la liberté du choix des personnes et je refuse qu’on considère les femmes comme des irresponsables. La vie m’a appris que le slogan « un enfant si je veux, quand je veux » est illusoire. Car ça ne fonctionne pas toujours comme on veut, nous le savons bien. Vous pouvez relire mon billet Le droit à l’enfant ?

Pour certaines, la maternité est un parcours du combattant à l’issue pas toujours heureuse. Pour d’autres, les circonstances ne permettent pas un projet de maternité, du moins pas à à ce moment là.

Nous disposons des conditions sanitaires qui permettent la prise en charge de ces deux types de situations dans de bonnes conditions. Ne permettons pas que la clandestinité et la peur ne reviennent.