S’il y a bien une chose que je n’avais pas imaginée avant cette période d’arrêt forcé par la pandémie, c’est la difficulté que j’éprouve depuis à retrouver les espaces peuplés. Et souvent j’entends autour de moi s’exprimer la même réserve…. Pourtant ce sentiment de liberté, nous l’attendions tous.

Je n’ai jamais aimé la foule, mais je suis sociable et faire mon marché ou des courses aux heures d’affluence ne m’a jamais posé problème. Pas plus que les plages fréquentées, les cinémas lors de séances à succès ou les spectacles et autres festivals….. J’apprécie tant de choses que je ne suis pas la seule à aimer, accepter les autres me semble naturel.

Je n’ai pas peur d’être contaminée, disons que je n’ai plus peur. Ce n’est pas ce qui me dérange en étant au milieu d’un groupe de personnes important, ce qui pourrait se comprendre… C’est autre chose, une forme d’inconfort liée au bruit et aux mouvements, comme si j’étais déshabituée de cette forme d’agitation.

ma liberté

Repli sur soi

Comme tant d’autres, je me suis retrouvée « sous cloche » du jour au lendemain. Activités habituelles à l’arrêt, rendez-vous annulés, proches loin de moi, déplacements restreints ! Mes enfants ont éprouvé tant de craintes pour la personne « à risques »que je suis, qu’ils ont géré mes courses et je les remercie de leur sollicitude.

Alors je suis restée dans ma bulle. Une belle bulle ma foi, avec un jardin et une bibliothèque. Les deux indispensables selon Sénèque !

Mais ce n’était pas un choix, c’était imposé ! Et encore, ici en Suisse, nous avons eu un confinement moins strict que dans d’autres pays.

Comme tant d’autres, je me suis occupée. Mieux lotie que beaucoup, j’éprouve de la reconnaissance et de la gratitude pour les conditions dans lesquelles j’ai traversé cette étrange période.

Je ne me suis pas ennuyée, sauf de mes proches inaccessibles. Et je me suis habituée à ce monologue intérieur, à vivre rien qu’à mon rythme, à apprécier mon espace restreint et ma tranquillité. Les sollicitations incessantes qui d’habitude nous entourent, se sont éloignées.

J’ai apprécié cette forme de vacuité, mais c’était imposé !

Ensemble

Alors je m’accorde du temps, je prends mon temps. Plus tard les endroits très fréquentés, je commence petit. Le « confinement » nous a sidéré par le côté abrupt de son introduction et coercitif de son application. Pour revivre bien les groupes, leurs bruits, leurs dynamiques et leurs mouvements, on peut s’accorder une marge de progression. D’abord les proches, puis les amis, les collègues, les connaissances, les voisins et enfin les autres et la foule. Le plaisir du monde reviendra, comme les beaux jours. Mais cette fois, en respectant nos rythmes personnels, en choisissant nos moments et en écoutant nos sensations.

Les impressions d’oppression, les craintes pour nos proches, les stratégies d’évitement, les sentiments de tristesse, de fatigue ou de perplexité, comme si on ne savait plus quoi faire de soi-même, d’envahissement, comme si on n’avait plus son espace, les appréhensions face à l’avenir….. ces manifestations désagréables résultent simplement d’un contre-coup : soumis à des conditions particulières, notre psychisme nous a protégé et s’est mis mode d’économie (partie limbique) . A ce sujet vous pouvez relire cet article https://www.le-magazine-positif.fr/c’est dans la tête.

Normalement, en quelques semaines, ces sensations vont s’estomper. Offrons-nous la liberté de choisir notre rythme pour ce retour à une vie non enfermée.

le temps, ma liberté

Si ces sensations désagréables s’installent, ne restez pas seuls et consultez ou participez à un groupe de parole, il en existe en ligne.http://astci.ch